Focus sur le collectif Femmes à la caméra

Nathalie Durand, directrice de la photographie nous parle du collectif Femmes à la caméra qu’elle a cofondé à l’occasion du Micro Salon AFC 2020.

Qu’est-ce qui a motivé la création du collectif Femme à la Caméra ?

Le collectif, dont la version finale a été créée en septembre 2019, et dont la première « version » date d’il y a plus d’un an, un an et demi a été motivé par l’affaire Weinstein, le mouvement #MeToo, qui ont secoué le cinéma américain et un peu aussi ici en France. Les questions de la position des

femmes techniciennes sur les plateaux de cinéma se sont un peu posées. On a eu des questions de plusieurs personnes et on s’est dit, avec plusieurs collègues à l’intérieur de l’AFC qu’il fallait que l’on essaie nous de travailler un peu là-dessus, pour avoir des réponses un peu cohérentes à donner, pour articuler tous les problèmes que cela soulevait. 

Il y a deux étapes vraiment importantes semble-t-il dans le collectif. Tout d’abord le site en construction qui va répertorier tous les noms et vous mettre en avant. C’est important d’exister visuellement ? 

Tout à fait. C’est l’idée de déconstruire les regards que l’on a sur ce métier qui, effectivement, n’est pas très connu. Les gens ne savent bien ce que c’est, directeur de la photographie. Et en plus, on n’imagine pas du tout une femme à ce poste-là. Donc pour nous c’était important d’avoir un site pour avoir une visibilité. Et on aimerait beaucoup aussi avoir des ressources, des chiffres, des textes, tout ce qui fait parler de nos métiers au féminin sur les plateaux de cinéma. Nous sommes 63 dans le collectif et à l’AFC, on est 17 femmes sur 143 membres. Nous étions 10 il y a dix ans. Y a du boulot !

Il y a aussi l’idée aussi d’un espace de parole, d’une réunion hebdomadaire ? 

Oui, on essaie de se réunir tous les premiers vendredis du mois, d’inviter ceux qui veulent venir. Pour l’instant, c’est beaucoup une parole ouverte. On s’est aperçu que c’était important pour les jeunes générations. Finalement, ma génération, celles qui sont dans le métier depuis longtemps, nous avons été habituées à ne pas parler de ça, à faire avec, on s’est un peu coulées dans le moule. C’est vrai que la génération qui arrive a un autre regard là-dessus. C’est important, il faut en parler. C’est plutôt un espace de parole ouvert. L’idée, à termes, sera peut-être d’avoir des invités de temps en temps qui viendront nous parler de la position des femmes dans le métier, d’un point de vue peut-être plus sociologique, philosophie ou, au contraire, sur des points très techniques. Pour l’instant, nous n’avons pas encore ouvert ce chantier-là, mais à termes, c’est ce que l’on aimerait bien faire aussi.

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